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LES QUATRE GRANDES FONCTIONS STRATÉGIQUES
La dissuasion
Ultime garantie de l’indépendance et de la sécurité de la France, exclusivement défensive, la dissuasion nucléaire vise à préserver les intérêts vitaux de notre pays contre toute agression, quelles qu’en soient l’origine et la forme. Elle contribue à la sécurité et à l’équilibre en Europe et dans le monde.
Elle se définit par la volonté et la capacité de faire redouter en permanence à un agresseur éventuel, quel qu’il soit, des dommages de toute nature, d’un niveau suffisant pour qu’ils soient inacceptables, cette menace le conduisant à renoncer à son dessein. Si l’adversaire n’était pas convaincu de la détermination de la France et passait outre, le Président de la République, seul à pouvoir ordonner l’engagement des forces nucléaires, pourrait lui signifier sans ambiguïté, le moment venu, qu’il estime les intérêts vitaux de notre pays en jeu, rappelant ainsi sa résolution à les sauvegarder.
La dissuasion s’appuie sur une organisation permanente du commandement et sur des forces opérationnelles dont la posture, adaptable aux situations, garantit en permanence une capacité de frappe, quelles que soient les circonstances. Les moyens nucléaires diversifiés détenus par la France offrent la souplesse nécessaire pour un exercice crédible de la dissuasion. Le dispositif de dissuasion nucléaire comprend deux composantes complémentaires. L’une, sous-marine, est bâtie autour du système "sous-marin nucléaire lanceur d’engins - missiles balistiques" et assure la permanence de la dissuasion ; l’autre, aérienne, est bâtie autour du système "avion - missile aérobie" et confère à notre dissuasion souplesse, visibilité et capacité d’adaptation aux menaces. Un environnement de moyens conventionnels, incluant notamment des systèmes d’information et de télécommunications d’une très grande fiabilité, soutient ce dispositif.
La prévention
La prévention a pour but d’empêcher l’émergence de situations conflictuelles et notamment d’anticiper la réapparition d’une menace majeure contre l’Europe. Bien adaptée au caractère instable de l’environnement international, elle est aujourd’hui une priorité de notre stratégie générale militaire.
Coordonnées au niveau gouvernemental, les mesures de prévention permettent de détecter l’apparition d’une crise dont l’évolution pourrait nuire aux intérêts de la France et à ceux de ses partenaires et, dans certaines circonstances, de la gérer au plus bas niveau d’engagement possible. En cas de résurgence d’une menace majeure, ces mesures fourniraient à l’autorité politique les indices d’alerte pour décider un changement de format de l’outil de défense.
La prévention repose sur un dispositif de renseignement autorisant l’anticipation, la préparation et la conduite de l’action, sur le suivi d’indicateurs d’alerte de résurgence d’une menace majeure, sur une présence permanente à l’extérieur de nos frontières, sur la coopération et les accords de défense avec les pays alliés ou amis ainsi que sur les mesures de maîtrise des armements.
Elle s’appuie également sur des capacités de réaction immédiate, sur l’activation progressive de moyens prépositionnés ou projetables, sur des actions d’assistance opérationnelle ainsi que le déploiement préventif de moyens terrestres, navals et aériens. Elle peut nécessiter, le cas échéant, la conduite d’opérations spéciales.
L’ensemble du dispositif mis en œuvre dans le cadre de la prévention donne à la France une faculté de prévision et de compréhension des situations qui constitue l’une des clés de son autonomie de décision.
La projection
La notion de projection recouvre l’ensemble des interventions conduites hors de nos frontières. Elle prend forme, le moment venu, selon des modalités et des formats adaptés à des circonstances toujours différentes. La notion de " projection intérieure ", utilisée pour décrire le déploiement des forces à l’intérieur des frontières, départements et territoires d’outre-mer compris, est l’une des modalités de la protection.
La projection suppose de disposer, d’une part de forces entraînées et complémentaires aptes à intervenir loin de leurs lieux habituels de stationnement, d’autre part de moyens de transport à long rayon d’action. Elle requiert une organisation adéquate de la chaîne de commandement et la capacité de soutenir les unités engagées.
On distingue la projection de forces et la projection de puissance selon qu’il y a ou non envoi de troupes au sol sur le théâtre d’opération : la projection de forces suppose le déploiement d’unités sur le terrain, avec les moyens de commandement, de combat et de soutien adaptés à la force engagée alors que la projection de puissance repose essentiellement sur l’emploi d’un armement de supériorité approprié et sur l’action de forces spéciales. Projection de forces et projection de puissance se différencient également par leurs délais de mise en œuvre. Complémentaires, elles peuvent être combinées dans le temps.
La protection
La notion de protection concerne exclusivement le territoire national et la population. En l’absence de menace militaire directe à proximité de nos frontières, elle s’apparente désormais davantage à des missions de sécurité intérieure qu’à des missions de défense strictement militaire. La protection individuelle et collective des unités engagées dans une intervention extérieure, ou " sauvegarde ", est incluse dans la notion de projection.
Impliquant en toutes circonstances de satisfaire les exigences de sécurité et d’intégrité du territoire, de liberté d’action du gouvernement et de sauvegarde de la population, la protection répond aux menaces de désordre, de chantage, de déstabilisation, de terrorisme et d’agression limitée. L’apparition de risques transnationaux échappant à tout contrôle étatique et la liberté de circulation des biens et des personnes à l’intérieur des frontières de l’Union européenne rendent indispensable la coordination de l’activité des moyens français et européens.
La défense aérienne, la défense maritime du territoire, la défense opérationnelle du territoire et la défense civile concourent à la protection. Les deux premières, permanentes, relèvent principalement des armées. Placée sous l’autorité civile, la défense civile peut nécessiter le concours des armées, la gendarmerie y participant de façon permanente. Les mesures de défense opérationnelle du territoire sont mises en oeuvre sur la décision du gouvernement et leur exécution incombe à l’autorité militaire.