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CONTRIBUTION DES FORCES MARITIMES
AUX GRANDES FONCTIONS STRATÉGIQUES
La dimension maritime tient une place essentielle au sein de la stratégie de défense de la France. Dans un monde globalisé où les menaces présentent désormais un visage transnational, la Marine nationale contribue au besoin de défense et de sécurité dans l’espace aéromaritime, eu égard à sa présence permanente sur toutes les mers.
La paix dans certaines régions d’Europe demeure fragile et, hors du continent, les conflits rythment de façon sporadique la marche du monde. Le risque terroriste fait peser une menace permanente et directe sur les intérêts nationaux et ceux de nos alliés.
Cet environnement stratégique transformé nécessite de défendre les intérêts vitaux du pays et d’agir le plus tôt possible - et donc parfois le plus loin - dans un cadre le plus souvent interallié et prioritairement européen. C’est pourquoi les contributions de la marine nationale s’organisent autour de fonctions opérationnelles découlant des quatre fonctions stratégiques - dissuasion, protection, prévention et projection ; les deux dernières étant rassemblées sous le même vocable d’action opérationnelle :
· la dissuasion, fondement de la stratégie de défense de la France, garante de la protection de nos intérêts vitaux;
· l’action opérationnelle, qui rassemble les missions de prévention permettant de prévenir le développement de situations de crise ou de conflit et les missions de projection de puissance ou de forces;
· la sauvegarde maritime, qui assure la défense du territoire à partir de la mer et contribue à la protection des intérêts de la France en mer et à partir de la mer.
«Notre dissuasion nous protège de toute agression d'origine étatique contre nos intérêts vitaux, d'où qu'elle vienne et quelle qu'en soit la forme»
«Pour que la dissuasion soit crédible, le chef de l'Etat doit disposer d'une large gamme d'options. Nos forces nucléaires ont été adaptées en conséquence»
«Ce n'est ni une affaire de prestige, ni une question de rang, c'est tout simplement l'assurance-vie de la nation »
(Le Président de la République Monsieur Nicolas Sarkozy, Cherbourg, 21 mars 2008).
En juillet 2008, le livre blanc (chapitre 10) a réaffirmé que la dissuasion demeurait un fondement de la stratégie de la France par :
· la complémentarité des deux composantes renouvelées (océanique et aéroportée);
· le maintien de la crédibilité technique;
· la capacité à transmettre des ordres;
· les moyens nécessaires à la sûreté de la composante océanique.
La prévention consiste à exécuter une présence vigilante afin d’acquérir le renseignement sur des crises potentielles, évaluer la situation et traiter au plus tôt les crises naissantes.
La Marine exerce ainsi une posture de vigilance permanente dans les zones stratégiques pour les intérêts nationaux :
· en Atlantique-Nord, point de convergence des approvisionnements français;
· au large de l’Afrique de l’Ouest;
· en Méditerranée, lien entre l’Europe, l’Afrique et le Moyen-Orient;
· en océan Indien et en Asie du Sud-Est, noeud de communications maritimes et stratégiques;
· d’une manière générale, partout où la France a des intérêts, en particulier dans ses collectivités d’outre-mer, ainsi que dans ses zones économiques exclusives (ZEE).
La sauvegarde maritime est le cadre dans lequel s’inscrivent les opérations menées par la Marine pour faire face à toutes les menaces susceptibles de venir de la mer (terrorisme, narcotrafic, piraterie, transport illicite de migrants…), assurer la défense des droits souverains en mer et la maîtrise des risques liés à l’activité maritime (accidents de mer, pollution…). La sauvegarde maritime englobe donc la défense du territoire à partir de la mer ainsi que la défense et la protection des intérêts de la France en mer et à partir de la mer.
Elle relève donc simultanément de la défense nationale et de l’action de l’État en mer.
Pour remplir ces missions, la Marine met en oeuvre un dispositif permanent de surveillance et d’intervention, dense sur les côtes et étendu au large, permettant de prévenir ou de traiter une large gamme de menaces, risques ou infractions se déroulant en mer ou provenant de la mer. Cette posture permanente de sauvegarde repose sur trois piliers :
· le renseignement d’intérêt maritime, qui procède de coopérations inter-administrations et internationales;
· un réseau d’information et une capacité d’action continus, depuis les zones littorales jusqu’en haute mer, qui reposent sur les sémaphores, les patrouilles régulières de navires et d’aéronefs exécutées en collaboration avec la gendarmerie nationale, les affaires maritimes et les douanes, ainsi que sur des déploiements hauturiers réguliers menés en coordination avec nos alliés;
· la chaîne de planification et de conduite des opérations, qui soutient l’action dirigée par les préfets maritimes (métropole) et les délégués du gouvernement pour l’action de l’État en mer (outre-mer).
Si des moyens sont plus particulièrement dédiés à la sauvegarde maritime (patrouilleurs, avions de surveillance maritime, hélicoptères de service public…), toutes les formations de la Marine sont susceptibles de contribuer à ces missions.
Structure du commandement
Le commandement des éléments de la Marine s’exerce à travers deux chaînes distinctes : le commandement opérationnel duquel relève la conduite de l’action militaire, et le commandement organique, qui est chargé de la préparation des forces. L’État-Major de la Marine (EMM) quant à lui, est chargé de définir et de faire appliquer la politique générale de la marine.
Le commandement opérationnel
Les mers et les océans sont ainsi répartis en différentes zones maritimes : Atlantique, mer Méditerranée, Manche-mer du Nord, Antilles, Guyane, océan Indien, zone sud de l’océan Indien, océan Pacifique, Nouvelle-Calédonie, Polynésie française.
Les commandants des zones maritimes Atlantique (CECLANT), mer Méditerranée (CECMED), Manche-mer du Nord (COMAR Manche), océan Indien (ALINDIEN) et océan Pacifique (ALPACI) sont placés sous l’autorité directe du chef d’état-major des armées (CEMA) et exercent, pour son compte, le contrôle opérationnel des forces maritimes qui y opèrent. (Conseiller militaire du gouvernement, le CEMA est responsable de la planification des opérations, de leur conduite, de l’attribution des missions aux échelons de commandement, de l’emploi et de la répartition des forces)
Les commandants des zones maritimes Antilles, Guyane, zone sud de l’océan Indien, Polynésie française et Nouvelle-Calédonie exercent également le contrôle opérationnel de toutes les forces maritimes qui opèrent dans leur zone de compétence.
Le commandement organique
La chaîne organique de la Marine relève directement du Chef d’État-Major de la Marine. Le CEMM assiste le CEMA pour l’organisation et l’emploi des forces. Il est responsable de leur préparation et de leur emploi, ainsi que de la planification et de la programmation.
La chaîne organique s’articule en quatre forces œuvrant de concert et correspondant aux principales composantes de la Marine.
La force d’action navale et son commandement (ALFAN) à Toulon, les forces sous-marines (ALFOST) à Brest, l’aéronautique navale (ALAVIA) à Toulon, la force maritime des fusiliers marins et commandos (ALFUSCO) à Lorient.
Il s’agit, autour d’états-majors resserrés, de rassembler au sein de chacune de ces forces, l’expertise de son domaine. Les commandants organiques sont également chargés d’organiser l’entraînement de leurs forces et de veiller au niveau de préparation et au maintien de la disponibilité et de l’aptitude opérationnelle de leurs unités :
Enfin, la gendarmerie maritime est mise pour emploi auprès du CEMM et placée sous la direction d’un colonel de gendarmerie (COMGENDMAR).
L’état-major de la Marine
Situé rue Royale à Paris, l’État-Major de la Marine (EMM) est chargé de définir et de faire appliquer la politique générale de la Marine. Il revient ainsi à l’EMM:
· de veiller au respect des contrats opérationnels;
· d’établir la doctrine d’emploi des forces en cohérence avec les doctrines interarmées, et celles de l’OTAN et de l’Union européenne
· d’appuyer le CEMM dans son rôle de conseiller pour la mise en oeuvre des forces aéronavales;
· de définir les conditions du maintien en condition opérationnelle des matériels.
L’EMM étudie les capacités et le format de la marine future, tout en veillant à sa cohérence globale et aux implications en matières de ressources humaines, financière et organisationnelle.
À l’EMM, l’État-Major Opérations (EMM/EMO) agit dans son rôle de conseiller pour l’emploi des forces de la Marine. L’EMO assume également un rôle d’information, de coordination et d’aide à la décision auprès du secrétariat général pour la mer pour le volet "action de l’État en mer" des opérations menées par la Marine.
L’action de l’EMM se traduit par une étroite coopération avec l’État-Major des armées.